Nana

Nana (paragraphe n°1664)

Chapitre VIII

Elle fut horriblement blessée. Toute la soirée, il la blagua, en l'appelant mademoiselle Mars. Et plus il tapait sur elle, plus elle tenait bon, goûtant une jouissance amère dans cet héroïsme de sa toquade, qui la rendait très grande et très amoureuse à ses propres yeux. Depuis qu'elle allait avec d'autres pour le nourrir, elle l'aimait davantage, de toute la fatigue et de tous les dégoûts qu'elle rapportait. Il devenait son vice, qu'elle payait, son besoin, dont elle ne pouvait se passer, sous l'aiguillon des gifles. Lui, en voyant la bonne bête, finissait par abuser. Elle lui donnait sur les nerfs, il se prenait d'une haine féroce, au point de ne plus tenir compte de ses intérêts. Lorsque Bosc lui adressait des observations, il criait, exaspéré, sans qu'on sût pourquoi, qu'il se fichait d'elle et de ses bons dîners, qu'il la flanquerait dehors rien que pour faire cadeau de ses sept mille francs à une autre femme. Et ce fut là le dénouement de leur liaison.

?>