Nana

Nana (paragraphe n°1758)

Chapitre IX

Et ils s'allongèrent, la répétition reprenait son train d'ennui et de belle indifférence. Durant l'attrapage entre le directeur et l'auteur, Fontan et les autres s'étaient fait du bon sang, au fond, sur le banc et les chaises rustiques. Ils avaient de petits rires, des grognements, des mots féroces. Mais, quand Simonne revint, avec son coup de canne sur le derrière, la voix coupée de larmes, ils tournèrent au drame, ils dirent qu'à sa place ils auraient étranglé ce cochon-là. Elle s'essuyait les yeux, en approuvant de la tête ; c'était fini, elle le lâchait, d'autant plus que Steiner, la veille, lui avait offert de la lancer. Clarisse resta surprise, le banquier n'avait plus un sou ; mais Prullière se mit à rire et rappela le tour de ce sacré juif, lorsqu'il s'était affiché avec Rose, pour poser à la Bourse son affaire des Salines des Landes. Justement il promenait un nouveau projet, un tunnel sous le Bosphore. Simonne écoutait, très intéressée. Quant à Clarisse, elle ne dérageait pas depuis une semaine. Est-ce que cet animal de la Faloise, qu'elle avait balancé en le collant dans les bras vénérables de Gaga, n'allait pas hériter d'un oncle très riche ! C'était fait pour elle, toujours elle avait essuyé les plâtres. Puis, cette saleté de Bordenave lui donnait encore une panne, un rôle de cinquante lignes, comme si elle n'aurait pas pu jouer Géraldine ! Elle rêvait de ce rôle, elle espérait bien que Nana refuserait.

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