Nana

Nana (paragraphe n°180)

Chapitre I

La pièce s'acheva. Aux appels triomphants de Vulcain, tout l'Olympe défilait devant les amoureux, avec des oh ! et des ah ! de stupéfaction et de gaillardise. Jupiter disait : " Mon fils, je vous trouve léger de nous appeler pour voir ça. " Puis, un revirement avait lieu en faveur de Vénus. Le chœur des cocus, introduit de nouveau par Iris, suppliait le maître des dieux de ne pas donner suite à sa requête ; depuis que les femmesdemeuraient au logis, la vie y devenait impossible pour les hommes ; ils aimaient mieux être trompés et contents, ce qui était la morale de la comédie. Alors, on délivrait Vénus. Vulcain obtenait une séparation de corps. Mars se remettait avec Diane. Jupiter, pour avoir la paix dans son ménage, envoyait sa petite blanchisseuse dans une constellation. Et l'on tirait enfin l'Amour de son cachot, où il avait fait des cocottes, au lieu de conjuguer le verbe aimer. La toile tomba sur une apothéose, le chœur des cocus agenouillé, chantant un hymne de reconnaissance à Vénus, souriante et grandie dans sa souveraine nudité.

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