Nana

Nana (paragraphe n°2480)

Chapitre XII

Déjà l'on dansait. L'orchestre, placé dans le jardin, devant une des fenêtres ouvertes, jouait une valse, dont le rythme souple arrivait adouci, envolé au plein air. Et le jardin s'élargissait, dans une ombre transparente, éclairé de lanternes vénitiennes, avec une tente de pourpre plantée sur le bord d'une pelouse, où était installé un buffet. Cette valse, justement la valse canaille de la Blonde Vénus, qui avait le rire d'une polissonnerie, pénétrait le vieil hôtel d'une onde sonore, d'un frisson chauffant les murs. Il semblait que ce fût quelque vent dela chair, venu de la rue, balayant tout un âge mort dans la hautaine demeure, emportant le passé des Muffat, un siècle d'honneur et de foi endormi sous les plafonds.

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