Nana

Nana (paragraphe n°2632)

Chapitre XIII

Elle refusa, c'était inutile. Deux jours auparavant, elle avait tiré cinq mille francs du comte. Cependant, elle regretta sa discrétion. Derrière Labordette, bien qu'il fût àpeine deux heures et demie, le boulanger reparut ; et il s'installa sur une banquette du vestibule, brutalement, en jurant très haut. La jeune femme l'écoutait du premier étage. Elle pâlissait, elle souffrait surtout d'entendre grandir jusqu'à elle la joie sourde des domestiques. On crevait de rire dans la cuisine ; le cocher regardait du fond de la cour, François traversait sans raison le vestibule, puis se hâtait d'aller donner des nouvelles, après avoir jeté au boulanger un ricanement d'intelligence. On se fichait de madame, les murs éclataient, elle se sentait toute seule dans le mépris de l'office, qui la guettait et l'éclaboussait d'une blague ordurière. Alors, comme elle avait eu l'idée d'emprunter les cent trente-trois francs à Zoé, elle l'abandonna ; elle lui devait déjà de l'argent, elle était trop fière pour risquer un refus. Une telle émotion la soulevait, qu'elle rentra dans sa chambre, en parlant tout haut.

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