Nana

Nana (paragraphe n°2712)

Chapitre XIII

Le soir, il apporta les dix mille francs. Nana tendit les lèvres, il y prit un long baiser, qui le consola de toute sa journée d'angoisse. Ce qui ennuyait la jeune femme, c'était de l'avoir sans cesse dans ses jupes. Elle se plaignait à monsieur Venot, en le suppliant d'emmener son petit mufe chez la comtesse ; ça ne servait donc à rien, leur réconciliations et elle regrettait de s'être mêlée de ça, puisqu'il lui retombait quand même sur le dos. Les jours où, de colère, elle oubliait ses intérêts, elle jurait de lui faire une telle saleté, qu'il ne pourrait remettre les pieds chez elle. Mais, comme elle le criait en se tapant sur les cuisses, elle aurait eu beau lui cracher à la figure, il serait resté, en disant merci. Alors, continuellement, les scènes recommencèrent pour l'argent. Elle en exigeait avec brutalité, c'étaient des engueulades au sujet de sommes misérables, une avidité odieuse de chaque minute, une cruauté à lui répéter qu'elle couchait avec lui pour son argent, pas pour autre chose, et que ça ne l'amusait pas, et qu'elle en aimait un autre et qu'elle était bien malheureuse d'avoir besoin d'un idiot de son espèce ! On ne voulait même plus de lui à la cour, où l'on parlait d'exiger sa démission. L'impératrice avait dit : " Il est trop dégoûtant. " Ça, c'était bien vrai. Aussi Nana répétait le mot, pour clore toutes leurs querelles.

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