Nana

Nana (paragraphe n°2731)

Chapitre XIII

Mais elle lui gardait un bon souvenir, ils s'étaient bien amusés ensemble de cet idiot de la Faloise. Jamais peut-être ils n'auraient eu l'idée de se revoir, si le plaisir de se ficher d'un pareil crétin ne les eût excités. Ça leur semblait farce, ils s'embrassaient sous son nez, ils faisaient une noce à tout casser avec son argent, ils l'envoyaient en course au bout de Paris, pour rester seuls ; puis, quand il revenait, c'étaient des blagues, des allusions qu'il ne pouvait comprendre. Un jour, poussée par le journaliste, elle paria qu'elle donnerait un soufflet à la Faloise ; le soir même, elle lui donna un soufflet, puiscontinua de le battre, trouvant ça drôle, heureuse de montrer combien les hommes étaient lâches. Elle l'appelait " son tiroir à claques ", lui disait d'avancer pour recevoir sa gifle, des gifles qui lui rougissaient la main, parce qu'elle n'avait pas encore l'habitude. La Faloise riait de son air crevé, avec les larmes dans les yeux. Cette familiarité l'enchantait, il la trouvait épatante.

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