Nana

Nana (paragraphe n°668)

Chapitre IV

Autour de la table, ces messieurs, en habit et en cravate blanche, étaient très corrects, avec leurs visages blêmes, d'une distinction que la fatigue affinait encore. Le vieux monsieur avait des gestes lents, un sourire fin, comme s'il eût présidé un congrès de diplomates. Vandeuvres semblait être chez la comtesse Muffat, d'une exquise politesse pour ses voisines. Le matin encore, Nana le disait à sa tante : en hommes, on ne pouvait pas avoir mieux ; tous nobles ou tous riches ; enfin, des hommes chic. Et, quant aux dames, elles se tenaient très bien. Quelques-unes, Blanche, Léa, Louise, étaient venues décolletées ; seule, Gaga en montrait peut-être un peu trop, d'autant plus qu'à son âge elle aurait mieux fait de n'en pas montrer du tout. Maintenant qu'on finissait par se caser, les rires et les plaisanteries tombaient. Georges songeait qu'il avait assisté à des dîners plus gais, chez des bourgeois d'Orléans. On causait à peine, les hommes qui ne se connaissaient pas se regardaient, les femmes restaient tranquilles ; et c'était surtout là le grandétonnement de Georges. Il les trouvait " popote ", il avait cru qu'on allait s'embrasser tout de suite.

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