Pot-Bouille

Pot-Bouille (paragraphe n°1962)

Chapitre XI

Quinze jours durant, ces histoires passionnèrent la maison. Enfin, il ne restait que l'immeuble, estimé trois cent mille francs ; l'hypothèque payée, il y aurait donc environ la moitié de cette somme à partager entre les trois enfants de monsieur Vabre. C'était cinquante mille francs pour chacun ; maigre consolation, dont il fallait se contenter. Théophile et Auguste disposaient déjà de leur part. Il fut convenu qu'on vendrait. Duveyrier se chargea de tout, au nom de sa femme. D'abord, il persuada aux deux frères de ne pas laisser faire la licitation devant le tribunal ; s'ils s'entendaient, elle pouvait avoir lieu devant son notaire, maître Renaudin, un homme dont il répondait. Ensuite, il leur souffla l'idée, sur le conseil même du notaire, disait-il, de mettre la maison à bas prix, à cent quarante mille francs seulement : c'était très malin, les amateurs afflueraient, les enchères s'allumeraient et dépasseraient toutes les prévisions. Théophile et Auguste riaient de confiance. Puis, le jour de la vente, après cinq ou six enchères, maître Renaudin adjugea brusquement la maison à Duveyrier, pour la somme de cent quarante-neuf mille francs. Il n'y avait pas même de quoi payer les hypothèques. Ce fut le dernier coup.

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