Pot-Bouille

Pot-Bouille (paragraphe n°2057)

Chapitre XII

Le lendemain de la querelle du ménage, Octave, heureux d'avoir fait accepter son cadeau à la jeune femme, songea qu'il serait adroit de se mettre bien avec le mari. Alors, comme il mangeait à la table de son patron, celui-ci ayant l'habitude de nourrir ses employés, pour les garder sous la main, il lui témoigna une complaisance sans bornes, l'écouta au dessert, approuva bruyamment ses idées. Même, en particulier, il parut épouser son mécontentement contre sa femme, au point de feindre dela surveiller et de le renseigner ensuite par de petits rapports. Auguste fut très touché ; il avoua un soir au jeune homme qu'il avait failli un instant le renvoyer, car il le croyait de connivence avec sa belle-mère. Octave, glacé, manifesta aussitôt de l'horreur pour madame Josserand, ce qui acheva de les rapprocher dans une complète communauté d'opinions. Du reste, le mari était un bon homme au fond, simplement désagréable, mais volontiers résigné, tant qu'on ne le jetait pas hors de lui, en dépensant son argent ou en touchant à sa morale. Il jurait même de ne plus se mettre en colère, car il avait eu, après la querelle, une migraine abominable, dont il était resté idiot pendant trois jours.

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