Pot-Bouille

Pot-Bouille (paragraphe n°2570)

Chapitre XV

Le fiacre s'ébranla. C'était un vieux landau, immense et malpropre, qui avait un balancement inquiétant, sur ses ressorts fatigués. Le cheval, une grande carcasse blanche, marchait au pas avec une dépense de force extraordinaire,le cou branlant, les jambes hautes. Auguste regarda sa montre : il était neuf heures. A onze heures, le duel pouvait être décidé. La lenteur du fiacre l'irrita d'abord. Puis, une somnolence l'engourdit peu à peu ; il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, et cette voiture lamentable l'attristait. Quand il se trouva seul, bercé là-dedans, assourdi par un tapage de glaces fêlées, la fièvre qui le soutenait devant sa famille depuis le matin, se calma. Quelle aventure stupide tout de même ! Et sa face devint grise, il prit entre les mains sa tête, qui le faisait beaucoup souffrir.

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