Pot-Bouille

Pot-Bouille (paragraphe n°2655)

Chapitre XV

Ce fut le grand voyou de frère qui ouvrit. Il avait, collée aux lèvres, une cigarette, dont il leur souffla lafumée à la figure, en les introduisant dans le salon. Quand ils demandèrent monsieur Duveyrier, il se dandina d'un air blagueur, sans répondre. Puis, il disparut, pour aller le chercher peut-être. Au milieu du salon, en satin bleu, d'un luxe neuf et déjà taché de graisse, une des sœurs, la plus petite, assise sur le tapis, torchait une casserole apportée de la cuisine ; tandis que l'autre, la grande, tapait à poings fermés sur un magnifique piano, dont elle venait de trouver la clef. Toutes les deux, en voyant les messieurs entrer, avaient levé la tête ; mais elles ne s'étaient pas interrompues, tapant et torchant au contraire avec plus d'énergie. Cinq minutes se passèrent, personne ne se montrait. Les visiteurs se regardaient, assourdis, lorsque des hurlements, qui partaient d'une pièce voisine, achevèrent de les terrifier : c'était la tante infirme qu'on débarbouillait.

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