Pot-Bouille

Pot-Bouille (paragraphe n°2963)

Chapitre XVII

C'était Duveyrier surtout, comme propriétaire, qui portait le poids de cette infortune imméritée et persistante. Depuis quelque temps, Clarisse le torturait à un tel point, qu'il revenait parfois pleurer chez sa femme. Mais le scandale de l'adultère l'avait aussi frappé au cœur ; il voyait, disait-il, les passants regarder sa maison de haut en bas, cette maison que son beau-père et lui s'étaient plu à orner de toutes les vertus domestiques ; et ça ne pouvait durer, il parlait de purifier l'immeuble, pour son honneur personnel. Aussi, au nom de la décence publique, poussait-il Auguste à une réconciliation. Malheureusement, celui-ci résistait, entretenu dans sa rage par Théophile et Valérie, qui s'installaient définitivement à la caisse, enchantés de la débâcle. Alors, comme les affaires de Lyon tournaient mal, et que le magasin de soierie périclitait faute d'avances, Duveyrier avait conçu une idée pratique. Les Josserand devaient souhaiter ardemment se débarrasser de leur fille : il fallait offrir de la reprendre, mais à la condition qu'ils paieraient la dot de cinquante mille francs. Peut-être, sur leurs instances, l'oncle Bachelard finirait-il par donner la somme. Auguste, d'abord, avait refusé violemment d'entrer dans cette combinaison ; à cent mille francs, il serait encore volé. Puis, très inquiet pour ses échéances d'avril, il s'était rendu aux raisons du conseiller, qui plaidait la cause de la morale et qui parlait uniquement d'une bonne action à faire.

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