Pot-Bouille

Pot-Bouille (paragraphe n°714)

Chapitre V

Dans le petit salon, monsieur Josserand, désireux de satisfaire sa femme, était resté devant monsieur Vabre, très embarrassé, car le vieillard dormait, et il n'osait le réveiller pour se montrer aimable. Mais, quand la musique cessa, monsieur Vabre ouvrit les paupières. Petitet gros, complètement chauve, avec deux touffes de cheveux blancs sur les oreilles, il avait une face rougeaude, à la bouche lippue, aux yeux ronds et à fleur de tête. Monsieur Josserand s'étant informé poliment de sa santé, la conversation s'engagea. L'ancien notaire, dont les quatre ou cinq idées se déroulaient toujours dans le même ordre, lâcha d'abord une phrase sur Versailles, où il avait exercé pendant quarante ans ; ensuite, il parla de ses fils, regrettant encore que ni l'aîné ni le cadet ne se fût montré assez capable pour reprendre son étude, ce qui l'avait décidé à vendre et à venir habiter Paris ; enfin, arriva l'histoire de sa maison, dont la construction restait le roman de son existence.

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