Pot-Bouille

Pot-Bouille (paragraphe n°771)

Chapitre V

Mais il dut quitter Octave, madame Duveyrier précisément l'appelait, on allait chanter le chœur, le grand morceau de la soirée. Ce fut un remue-ménage. Une quinzaine d'hommes, tous amateurs, tous recrutés parmiles invités de la maison, s'ouvraient péniblement un passage au milieu des dames, pour se réunir devant le piano. Ils s'arrêtaient, s'excusaient, la voix étouffée par le bruit bourdonnant des conversations ; tandis que les éventails battaient plus rapidement, dans la chaleur croissante. Enfin, madame Duveyrier les compta ; ils y étaient tous ; et elle leur distribua les parties, qu'elle avait copiées elle-même. Campardon faisait Saint-Bris, un jeune auditeur au Conseil d'Etat était chargé des quelques mesures de Nevers ; puis, venaient huit seigneurs, quatre échevins, trois moines, confiés à des avocats, des employés et de simples propriétaires. Elle, qui accompagnait, s'était en outre réservé la partie de Valentine, des cris de passion qu'elle poussait en plaquant des accords ; car elle ne voulait pas introduire de femme parmi ces messieurs, dont elle conduisait la troupe résignée avec des rudesses de chef d'orchestre.

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