Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°1438)

Chapitre VIII

Dans les derniers jours de décembre, il y eut une débandade particulièrement grave. Un soir, sans qu'on sût pourquoi, les mots amenant les mots, on s'était dévoré entre soi, à dents aiguës. Pendant près de trois semaines, on ne se revit pas. La vérité était que la bande commençait à désespérer. Les efforts les plus savants n'aboutissaient à aucun résultat appréciable. La situation ne semblait pas devoir changer de longtemps, la bande abandonnait le rêve de quelque catastrophe imprévue qui aurait rendu Rougon nécessaire. Elle avait attendu l'ouverture de la session du Corps législatif ; mais la vérification des pouvoirs s'était faite sans amener autre chose qu'un refus de serment de deux députés républicains. A cette heure, monsieur Kahn lui-même, l'homme souple et profond du groupe, ne comptait plus voir tourner à leur profit la politique générale. Rougon, exaspéré, s'occupait de son affaire des Landes avec un redoublement de passion, comme pour cacher les tressaillements de sa face, qu'il ne parvenait plus à endormir.

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