Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°215)

Chapitre II

Delestang baissa le nez. Toujours il se trouvait embarqué dans quelque passion scabreuse. En 1851, ilavait même failli compromettre son avenir politique ; il adorait alors la femme d'un député socialiste, et le plus souvent, pour plaire au mari, il votait avec l'opposition contre l'Elysée. Aussi, au 2 Décembre, reçut-il un véritable coup de massue. Il s'enferma pendant deux jours, perdu, fini, anéanti, tremblant qu'on ne vînt l'arrêter d'une minute à l'autre. Rougon avait dû le tirer de ce mauvais pas, en le décidant à ne point se présenter aux élections, et en le menant à l'Elysée, où il pêcha pour lui une place de conseiller d'Etat. Delestang, fils d'un marchand de vin de Bercy, ancien avoué, propriétaire d'une ferme modèle près de Sainte-Menehould, était riche à plusieurs millions et habitait rue du Colisée un hôtel fort élégant.

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