Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°2695)

Chapitre XIII

Et, à l'aide d'un canif, il fendit l'enveloppe, soigneusement. D'un regard il eut parcouru les quelques lignes. L'empereur acceptait sa démission. Pendant près d'une minute, il tint le papier sur son visage, comme pour le relire. Il avait peur de ne plus être maître du calme de sa face. Un soulèvement terrible se faisait en lui ; une rébellion de toute sa force qui ne voulait pas accepter la chute, le secouait furieusement, jusqu'aux os ; s'il ne s'était pas roidi, il aurait crié, fendu la table à coups de poing. Le regard toujours fixé sur la lettre, il revoyait l'empereur tel qu'il l'avait vu à Saint-Cloud, avec sa parole molle, son sourire entêté, lui renouvelant sa confiance, lui confirmant ses instructions. Quelle longue pensée de disgrâce devait-il donc mûrir, derrière son visage voilé, pour le briser si brusquement, en une nuit, après l'avoir vingt fois retenu au pouvoir ?

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