Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°277)

Chapitre II

Que lui importait ! Il vivait de rien, il ne se connaissait pas de vice, ce qui était vrai. Ni joueur, ni coureur, ni gourmand. Il rêvait d'être le maître chez lui, voilà tout. Et, fatalement, il revint à son idée d'une ferme, dans laquelle toutes les bêtes lui obéiraient. C'était son idéal, avoir un fouet et commander, être supérieur, plus intelligent et plus fort. Peu à peu, il s'anima, il parla des bêtes comme il aurait parlé des hommes, disant que les foules aiment le bâton, que les bergers ne conduisent leurs troupeaux qu'à coups de pierre. Il se transfigurait, ses grosses lèvres gonflées de mépris, sa face entière suant la force. Dans son poing fermé, il agitait un dossier,qu'il semblait près de jeter à la tête de monsieur Kahn et de Du Poizat, inquiets et gênés devant ce brusque accès de fureur.

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