Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°286)

Chapitre II

Il dit toute cette tirade en l'accompagnant d'un geste de la main droite, dont il abusait, lorsqu'il parlait à laChambre. Ces explications étaient évidemment destinées au public. Monsieur Kahn et Du Poizat, qui connaissaient leur Rougon, tâchèrent par des phrases habiles de savoir la vérité vraie. Le grand homme, comme ils le nommaient familièrement entre eux, devait jouer quelque jeu formidable. Ils mirent la conversation sur la politique en général. Rougon plaisantait le régime parlementaire, qu'il appelait " le fumier des médiocrités ". La Chambre, selon lui, jouissait encore d'une liberté absurde. On y parlait beaucoup trop. La France devait être gouvernée par une machine bien montée, l'empereur au sommet, les grands corps et les fonctionnaires au-dessous, réduits à l'état de rouages. Il riait, sa poitrine sautait, pendant qu'il outrait son système, avec une rage de mépris contre les imbéciles qui demandent des gouvernements forts.

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