Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°525)

Chapitre III

Et elle le questionna sur sa disgrâce, avec une franchise de curiosité filiale. Elle était étrangère, elle se faisait répéter jusqu'à trois reprises des détails qu'elle disait ne pas comprendre. Elle l'interrompait par des exclamations en langue italienne ; tandis que, dans ses yeux clairs, il pouvait suivre toute l'émotion de son récit. Pourquoi s'était-il fâché avec l'empereur ? Comment avait-il pu renoncer à une situation si haute ? Quels étaient donc ses ennemis, pour qu'il se fût laissé battre ainsi ? Et quand il hésitait, quand elle l'acculait à quelque aveu qu'il ne voulait pas faire, elle le regardait avec une candeur si affectueuse, qu'il s'abandonnait, lui racontant les histoires jusqu'au bout. Bientôt, elle sut sans doute tout ce qu'elle désirait savoir. Elle lança encore quelques questions, très éloignées du sujet, et dont la singularité surprit Rougon. Puis, les mains jointes, elle se tut. Elle avait fermé les yeux. Elle réfléchissait profondément.

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