Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1069)

Partie : Partie 3, chapitre 1

C'était vrai, Hélène laissait entrer la dévotion dans son cœur grand ouvert. Jamais elle n'aurait cru qu'il fût si bon d'aimer. Elle revenait là, comme à un lieu d'attendrissement, où il lui était permis d'avoir les yeux humides, de rester sans une pensée, anéantie dans une adoration muette. Chaque soir, pendant une heure, elle ne se défendait plus ; l'épanouissement d'amour qu'elle portait en elle, qu'elle contenait toute la journée, pouvait enfin monter de sa poitrine, s'élargir en des prières, devant tous, au milieu du frisson religieux de la foule.Les oraisons balbutiées, les agenouillements, les salutations, ces paroles et ces gestes vagues sans cesse répétés, la berçaient, lui semblaient l'unique langage, toujours la même passion, traduite par le même mot ou le même signe. Elle avait le besoin de croire, elle était ravie dans la charité divine.

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