Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1080)

Partie : Partie 3, chapitre 1

A cette heure, dans ce quartier écarté, Passy dormait déjà, avec le petit souffle d'une ville de province. Aux deux bords des trottoirs, des hôtels s'alignaient, des pensionnats de demoiselles, noirs et ensommeillés, des tables d'hôte dont les cuisines luisaient encore. Pas une boutique ne trouait l'ombre du rayon de sa vitrine. Et c'était une grande joie pour Hélène et Henri que cette solitude. Il n'avait point osé lui offrir le bras. Jeanne marchait entre eux, au milieu de la chaussée, sablée comme une allée de parc. Les maisons cessaient, des murs s'étendaient, au-dessus desquels retombaient des manteaux de clématites et des touffes de lilas en fleur. De grands jardins coupaient les hôtels, une grille, par moments, laissait voir des enfoncements sombres de verdure, où des pelouses d'un ton plus tendre pâlissaient parmi les arbres, tandis que, dans des vases que l'on devinait confusément, des bouquets d'iris embaumaient l'air. Tous trois ralentissaient le pas, sous la tiédeur de cette nuit printanière qui les trempait de parfums ; etlorsque Jeanne, par un jeu d'enfant, s'avançait le visage levé vers le ciel, elle répétait :

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