Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1103)

Partie : Partie 3, chapitre 1

Cependant, Jeanne avait d'abord patienté sagement, s'amusant à examiner les vitraux, les statues de la grande porte, les scènes du chemin de la croix, traitées en petits bas-reliefs, le long des nefs latérales. Peu à peu, la fraîcheur de l'église était descendue sur elle comme un suaire ; et, dans cette lassitude qui l'empêchait même de penser, un malaise lui venait du silence religieux des chapelles, du prolongement sonore des moindres bruits, de ce lieu sacré où il lui semblait qu'elle allait mourir. Mais son gros chagrin était surtout de voir emporter les fleurs. A mesure que les grands bouquets de roses disparaissaient, l'autel se montrait nu et froid. Ces marbres la glaçaient, sans un cierge, sans une fumée d'encens. Un moment, la Vierge vêtue de dentelles chancela, puis tomba à la renverse dans les bras de deux ouvriers. Alors, Jeanne jeta un faible cri, ses bras s'élargirent, elle se roidit, tordue par la crise qui la menaçait depuis quelques jours.

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