Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1291)

Partie : Partie 3, chapitre III

Autour d'Hélène, tout le monde regardait Jeanne comme sauvée. Elle-même s'était peu à peu abandonnée à cette certitude. Aussi finissait-elle par traiter les crises comme des bobos d'enfant gâtée, sans importance. Après les six semaines d'angoisse qu'elle venait de traverser, elle éprouvait un besoin de vivre. Sa fille, maintenant, pouvait se passer de ses soins pendant des heures ; c'était une détente délicieuse, un repos et une volupté que devivre ces heures, elle qui depuis si longtemps ne savait plus si elle existait. Elle fouillait ses tiroirs, retrouvait avec joie des objets oubliés, s'occupait de toutes sortes de menues besognes, pour reprendre le train heureux de sa vie journalière. Et, dans ce renouveau, son amour grandissait, Henri était comme la récompense qu'elle s'accordait d'avoir tant souffert. Au fond de cette chambre, ils se trouvaient hors du monde, ayant perdu le souvenir de tout obstacle. Rien ne les séparait plus que cette enfant, secouée de leur passion.

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