Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1293)

Partie : Partie 3, chapitre III

Ce qui surtout acheva de les torturer, ce furent les changements d'humeur de Jeanne. Elle fondit en larmes, un matin, comme le docteur se penchait au-dessus d'elle. Durant toute une journée, sa haine se tourna en une tendresse fébrile ; elle voulut qu'il restât près de son lit, elle appela sa mère vingt fois, comme pour les voir côte à côte, émus et souriants. Celle-ci, bienheureuse, rêvait déjà une longue suite de jours semblables. Mais dès le lendemain, lorsque Henri arriva, l'enfant le reçut si durement, que la mère, d'un regard, le supplia de se retirer ; toute la nuit, Jeanne s'était agitée avec le regret furieux d'avoir été bonne. Et, à chaque instant, de pareilles scènes se reproduisirent. Après les heures exquises que l'enfant leur accordait, dans ses moments de caresses passionnées, les mauvaises heures arrivaient comme des coups de fouet, qui leur donnaient le besoin d'être l'un à l'autre.

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