Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1295)

Partie : Partie 3, chapitre III

Une nuit, le docteur vint, malgré la défense formelle d'Hélène. Depuis huit jours, ils n'avaient pu échanger une parole. Elle refusait de le recevoir ; mais lui, doucement, la poussa dans la chambre, comme pour la rassurer. Là, tous deux croyaient être sûrs d'eux-mêmes. Jeanne dormait profondément. Ils s'assirent à leur place accoutumée, près de la fenêtre, loin de la lampe ; et une ombre calme les enveloppait. Pendant deux heures, ils causèrent, rapprochant leurs visages pour parler plus bas, si bas, qu'ils mettaient à peine un souffle dans la grande chambre ensommeillée. Parfois, ils tournaient la tête, jetant un coup d'œil sur le fin profil de Jeanne, dont les petites mains jointes reposaient au milieu du drap. Mais ils finirent par l'oublier. Leur balbutiement montait. Hélène, tout d'un coup, s'éveilla, dégagea ses mains qui brûlaient sous les baisers d'Henri. Et elle eut l'horreur froide de l'abomination qu'ils avaient failli commettre là.

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