Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1315)

Partie : Partie 3, chapitre III

Elle la soigna jusqu'au matin, résolue à lui donner son cœur, épouvantée de voir son amour retentir si douloureusement dans cette chère créature. Sa fille vivait son amour. Le lendemain, elle exigea une consultation. Le docteur Bodin vint comme par hasard et examina la malade, qu'il ausculta en plaisantant. Puis, il eut un long entretien avec le docteur Deberle, resté dans la pièce voisine. Tous deux tombèrent d'accord que l'état présent n'offrait aucune gravité ; mais ils craignaient des complications, ils interrogèrent longuement Hélène, en se sentant devant une de ces névroses qui ont une histoire dans les familles et qui déconcertent la science. Alors, elle leur dit ce qu'ils savaient déjà en partie, son aïeule enfermée dans la maison d'aliénés des Tulettes, à quelques kilomètres de Plassans, sa mère morte tout d'un coup d'une phtisie aiguë, après une vie d'affolement et de crises nerveuses. Elle, tenait de son père, auquel elle ressemblait de visage, et dont elle avait le sage équilibre. Jeanne, au contraire, était tout le portrait de l'aïeule ; mais elle restait plus frêle, elle n'en aurait jamais la haute taille ni la forte charpente osseuse. Les deux médecins répétèrent une fois encore qu'il fallait de grands ménagements. On ne pouvait trop prendre de précautions avec ces affections chloroanémiques, qui favorisent le développement de tant de maladies cruelles.

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