Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1750)

Partie : Partie 4, chapitre III

Hélène, très étonnée de l'occupation où elle la trouvait, s'était assise en arrière. On avait poussé contreles murs les sièges et les tables, le tapis restait libre. Madame Berthier, une blonde délicate, disait son monologue, en levant les yeux au plafond, pour chercher les mots ; tandis que la forte madame de Guiraud, une belle brune, qui s'était chargée du rôle de madame de Léry, attendait dans un fauteuil le moment de faire son entrée. Ces dames, en petite toilette du matin, n'avaient retiré ni leurs chapeaux ni leurs gants. Et, devant elles, tenant à la main le volume de Musset, Juliette, ébouriffée, enveloppée dans un grand peignoir de cachemire blanc, prenait des airs convaincus de régisseur qui indique aux artistes des inflexions de voix et des jeux de scène. Comme le jour était très bas, les petits rideaux de tulle brodé, relevés et croisés sur le bouton de l'espagnolette, laissaient voir le jardin, qui s'enfonçait, noir d'humidité.

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