Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1754)

Partie : Partie 4, chapitre III

Hélène restait dans son coin. Madame Berthier, tout à son rôle, ne s'était pas même tournée. Madame de Guiraud lui avait adressé un léger signe de tête. Et elle sentait qu'elle était de trop, qu'elle aurait dû refuser des'asseoir. Ce qui la retenait, ce n'était plus tant la pensée d'un devoir à accomplir, qu'un singulier sentiment, profond et confus, qu'elle avait parfois éprouvé là. Elle souffrait de la façon indifférente dont Juliette la recevait. Il y avait, chez celle-ci, de continuels caprices d'amitié ; elle adorait les gens pendant trois mois, se jetait à leur cou, ne semblait vivre que pour eux ; puis, un matin, sans dire pourquoi, elle ne paraissait plus les connaître. Sans doute, elle obéissait, en cela comme en toutes choses, à une mode, au besoin d'aimer les personnes qu'on aimait autour d'elle. Ces brusques sautes de tendresse blessaient beaucoup Hélène, dont l'esprit large et calme rêvait toujours d'éternité. Elle était souvent sortie de chez les Deberle très triste, emportant un véritable désespoir du peu de fondement qu'on pouvait faire sur les affections humaines. Mais, ce jour-là, dans la crise qu'elle traversait, c'était une douleur plus vive encore.

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