Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1760)

Partie : Partie 4, chapitre III

Lorsque le domestique lui avait ouvert, Hélène s'imaginait une tout autre scène. Elle croyait trouver Juliette nerveuse, très pâle, frissonnant à la pensée du rendez-vous, hésitante et attirée ; et elle se voyait elle-même la conjurant de réfléchir, jusqu'à ce que la jeune femme, étranglée de sanglots, se jetât dans ses bras. Alors, elles auraient pleuré ensemble, Hélène se serait retirée avec la pensée qu'Henri désormais était perdu pour elle, mais qu'elle avait assuré son bonheur. Et, nullement, elle tombait sur cette répétition, à laquelle elle ne comprenait rien ; elle trouvait Juliette le visage reposé, ayant bien dormi à coup sûr, l'esprit assez libre pour discuter les gestes de madame Berthier, ne se préoccupant pas le moins du monde de ce qu'elle pourrait faire l'après-midi. Cette indifférence, cette légèreté glaçaient Hélène, qui arrivait toute brûlante de passion.

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