Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1785)

Partie : Partie 4, chapitre III

Que devait-elle faire, maintenant ? Et Hélène, dans le tumulte que cette question soulevait en elle, n'avait plus que des pensées confuses de violence. Elle éprouvait l'irrésistible besoin de se venger du beau calme de Juliette, comme si cette sérénité était une injure à la fièvre qui l'agitait. Elle rêvait sa perte, pour voir si elle garderait toujours le sang-froid de son indifférence. Puis, elle se méprisait d'avoir eu des délicatesses et des scrupules. Vingt fois, elle aurait dû dire à Henri : " Je t'aime, prends-moi, allons-nous-en ", et ne pas frissonner, et montrer le visage blanc et reposé de cette femme, qui, trois heures avant un premier rendez-vous, jouait la comédie chez elle. A cette minute encore, elle tremblait plus qu'elle ; c'était là ce qui l'affolait, la conscience de son emportement au milieu de la paix rieuse de ce salon, la peur d'éclater tout d'un coup en paroles passionnées. Elle était donc lâche ?

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