Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1833)

Partie : Partie 4, chapitre III

Lorsque Hélène revint dans l'antichambre, où elle avait accompagné monsieur Rambaud, l'aiguille était aux trois quarts. Dans un quart d'heure, tout serait fini. Immobile devant la cheminée, elle eut la brusque vision de la scène qui allait se passer : Juliette se trouvait déjà là, Henri entrait et la surprenait. Elle connaissait la chambre, elle percevait les moindres détails avec une netteté effrayante. Alors, secouée encore par l'histoire lamentable de monsieur Rambaud, elle sentit un grand frisson qui lui montait des membres à la face. Et un cri éclatait en elle. C'était une infamie, ce qu'elle avait fait, cette lettre écrite, cette dénonciation lâche. Cela lui apparaissait tout d'un coup ainsi, dans une lueur aveuglante. Vraiment, elle avait commis une infâme pareille ! Et elle se rappelait le geste dont elle avait jeté la lettre dans la boîte, avec la stupeur d'une personne qui en aurait regardé une autre faire une mauvaise action, sans avoir eu l'idée d'intervenir. Elle sortait comme d'un rêve. Que s'était-il donc passé ? Pourquoi était-elle là, à suivre toujours les aiguilles sur ce cadran ? Deux minutes nouvelles s'étaient écoulées.

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