Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1949)

Partie : Partie 4, chapitre IV

Les lèvres sur les lèvres, ils s'étaient baisés. Elle avait tout oublié, elle cédait à une force supérieure. Cela lui semblait maintenant naturel et nécessaire. Une paix s'était faite en elle, il ne lui venait plus que des sensations et des souvenirs de jeunesse. Par une journée d'hiver semblable, lorsqu'elle était jeune fille, rue des Petites-Maries, elle avait manqué mourir, dans une petite pièce sans air, devant un grand feu de charbon allumé pour un repassage. Un autre jour, en été, les fenêtres étaientouvertes, et un pinson égaré dans la rue noire avait d'un coup d'aile fait le tour de sa chambre. Pourquoi donc songeait-elle à sa mort, pourquoi voyait-elle cet oiseau s'envoler ? Elle se sentait pleine de mélancolie et d'enfantillage, dans l'anéantissement délicieux de tout son être.

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