Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1961)

Partie : Partie 4, chapitre IV

Tous deux avaient perdu la conscience du temps et des lieux. Ils éprouvaient la vague sensation d'être très avant dans une longue nuit d'hiver. Ces bougies, qui s'achevaient dans la moiteur ensommeillée de la pièce, leur faisaient croire qu'ils avaient dû veiller pendant des heures. Mais ils ne savaient plus où. Autour d'eux, undésert se déroulait ; pas un bruit, pas une voix humaine, l'impression d'une mer noire où soufflait une tempête. Ils étaient hors du monde, à mille lieues des terres. Et cet oubli des liens qui les attachaient aux êtres et aux choses était si absolu, qu'il leur semblait naître là, à l'instant même, et devoir mourir là, tout à l'heure, lorsqu'ils se prendraient aux bras l'un de l'autre.

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