Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1969)

Partie : Partie 4, chapitre IV

Il se retourna, baisa encore ses pieds, monta à sa taille. La braise qui emplissait l'âtre les brûlait tous les deux. Elle n'eut pas une révolte devant ces mains tâtonnantes, que le désir égarait de nouveau. Dans l'effacement de tout ce qui l'entourait et de ce qu'elle était elle-même, le seul souvenir de sa jeunesse demeurait encore, une pièce où il faisait une chaleur aussi forte, un grand fourneau avec des fers, sur lequel elle se penchait ;et elle se rappelait qu'elle avait éprouvé un anéantissement pareil, que cela n'était pas plus doux, que les baisers dont Henri la couvrait ne lui donnaient pas une mort lente plus voluptueuse. Lorsque, tout d'un coup, il la saisit entre ses bras, pour l'emmener dans la chambre, elle eut pourtant une anxiété dernière. Elle croyait que quelqu'un avait crié, il lui semblait qu'elle oubliait quelqu'un sanglotant dans l'ombre. Mais ce ne fut qu'un frisson, elle regarda autour de la pièce, elle ne vit personne. Cette pièce lui était inconnue, aucun objet ne lui parla. Une averse plus violente tombait avec une clameur prolongée. Alors, comme prise d'un besoin de sommeil, elle s'abattit sur l'épaule d'Henri, elle se laissa emporter. Derrière eux, l'autre rideau de la portière s'échappa de son embrasse.

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