Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1972)

Partie : Partie 4, chapitre V

Toute seule, toute seule. Sur le lit, le peignoir de sa mère, jeté à la volée, pendait, la jupe élargie, une manche contre le traversin, dans l'attitude étrangement écrasée d'une personne qui serait tombée là sanglotante et comme vidée par une immense douleur. Des linges traînaient. Un fichu noir faisait par terre une tache de deuil. Dans le désordre des sièges bousculés, du guéridon poussé devant l'armoire à glace, elle était toute seule, elle sentait des larmes l'étrangler, en regardant ce peignoir où sa mère n'était plus, étiré dans une maigreur de morte. Elle joignit les mains, elle appela une dernière fois : " Maman ! maman ! " Mais les tentures de velours bleu assourdissaient la chambre. C'était fini, elle était seule.

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