Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1984)

Partie : Partie 4, chapitre V

Jeanne, affaissée à la fenêtre, avait de nouveau balbutié : " Maman ! maman ! " et une immense fatigue la laissait toute faible, en face de Paris englouti. Dans cet anéantissement, les cheveux envolés, le visage mouillé de gouttes de pluie, elle gardait le goût de l'amère douceur dont elle venait de frissonner, tandis que le regret de quelque chose d'irrémédiable pleurait en elle. Tout lui semblait fini, elle comprenait qu'elle devenait très vieille. Les heures pouvaient couler, elle ne regarderait même plus dans la chambre. Cela lui était égal, d'être oubliée et seule. Un tel désespoir emplissait son cœur d'enfant, qu'il faisait noir autour d'elle. Si on la grondait comme autrefois, quand elle était malade, ce serait très injuste. Ça la brûlait, ça la prenait comme un mal de tête. Sûrement, tout à l'heure, on lui avait cassé quelque part une chose. Elle ne pouvait empêcher ça. Il lui fallait bien se laisser faire ce qu'on voulait. A la fin, elle était trop lasse. Sur la barre d'appui, elle avait noué ses deux petits bras, et une somnolence la prenait, la tête appuyée, ouvrant de temps à autre ses yeux très grands, pour voir l'averse.

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