Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°1985)

Partie : Partie 4, chapitre V

Toujours, toujours la pluie tombait, le ciel blême fondait en eau. Un dernier souffle avait passé, on entendait un roulement monotone. La pluie souveraine battait sans fin, au milieu d'une solennelle immobilité, la ville qu'elle avait conquise, silencieuse et déserte. Et c'était, derrière le cristal rayé de ce déluge, un Paris fantôme, aux lignes tremblantes, qui paraissait se dissoudre. Il n'apportait plus à Jeanne qu'un besoin de sommeil, avec de vilains rêves, comme si tout son inconnu, le mal qu'elle ignorait, se fût exhalé en brouillard pour la pénétrer et la faire tousser. Chaque fois qu'elle ouvrait les yeux, des hoquets de toux la secouaient, et elle restait là quelques secondes à le regarder ; puis, en laissant retomber la tête, elle en emportait l'image, il lui semblait qu'il s'étalait sur elle et l'écrasait.

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