Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°2106)

Partie : Partie 5, chapitre 1

Hélène ne bougeait pas. Elle se sentait comme enveloppée dans leur tendresse. Et elle continuait pour eux leurs rêves, elle se les imaginait là-bas, dans la maison des Guignard, avec leurs deux vaches. Cela la faisait sourire, de le voir si sérieux, la main sous la table, tandis que la petite bonne se tenait très raide, pour ne pas avoir l'air. Toutes les distances se trouvaient rapprochées, elle n'avait plus une conscience nette d'elle ni des autres, du lieu où elle était, ni de ce qu'elle venait y faire. Les cuivres flambaient sur les murs, une mollesse la retenait, le visage noyé, sans qu'elle fût blessée du désordre de la cuisine. Cet abaissement d'elle-même lui donnait la profonde jouissance d'un besoin contenté. Elle avait seulement très chaud, le fourneau mettait des gouttes de sueur à son front pâle ; et, derrière elle, la fenêtre entrouverte soufflait sur sa nuque des frissons délicieux.

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