Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°2115)

Partie : Partie 5, chapitre II

Quelques jours se passèrent. Toute l'existence d'Hélène se trouvait déplacée, elle ne vivait plus chez elle, elle vivait chez Henri, par ses pensées de chaque heure. Plus rien n'existait que le petit hôtel voisin, où son cœur battait. Dès qu'elle trouvait un prétexte, elle accourait, elle s'oubliait, satisfaite de respirer le même air. Dans ce premier ravissement de la possession, la vue de Juliette l'attendrissait comme une dépendance d'Henri. Pourtant celui-ci n'avait pu encore la rencontrer un instant seule. Elle semblait mettre un raffinement à retarder l'heure du second rendez-vous. Un soir, comme il la reconduisait jusqu'au vestibule, elle lui avait seulement fait jurer de ne pas revoir la maison du passage des Eaux, en ajoutant qu'il la compromettrait. Tous deux frémissaient dans l'attente de l'étreinte passionnée dont ils se reprendraient, ils ne savaient plus où, quelque part, une nuit. Et Hélène, hantée de ce désir, n'existait désormais que pour cette minute-là, indifférente auxautres, passant ses journées à l'espérer, très heureuse et ayant seulement dans son bonheur la sensation inquiète que Jeanne toussait autour d'elle.

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