Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°2116)

Partie : Partie 5, chapitre II

Jeanne toussait d'une petite toux sèche, fréquente, qui s'accentuait davantage vers le soir. Elle avait alors de légers accès de fièvre ; des sueurs l'affaiblissaient pendant son sommeil. Lorsque sa mère l'interrogeait, elle répondait qu'elle n'était pas malade, qu'elle ne souffrait pas. C'était sans doute une fin de rhume. Et Hélène, tranquillisée par cette explication, n'ayant plus la conscience nette de ce qui se passait à ses côtés, gardait pourtant, dans le ravissement où elle vivait, le sentiment confus d'une douleur, comme un poids dont la meurtrissure la faisait saigner à une place qu'elle n'aurait pu dire. Parfois, au milieu d'une de ces joies sans cause qui la baignaient de tendresse, une anxiété la prenait, il lui semblait qu'un malheur était derrière elle. Elle se retournait et elle souriait. Quand on est trop heureuse, on tremble toujours. Personne n'était là. Jeanne venait de tousser, mais elle buvait de la tisane, ce ne serait rien.

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