Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°227)

Partie : Partie 1, chapitre III

Ce mardi-là, Hélène, assise près d'une fenêtre, travaillait à un ouvrage de couture, profitant des dernières lueurs du crépuscule, en attendant ses invités. Elle vivait là ses journées, dans une paix très douce. Sur ces hauteurs, les bruits se mouraient. Elle aimait cette vaste chambre si calme, avec son luxe bourgeois, son palissandre et son velours bleu. Lorsque ses amis l'avaient installée, sans qu'elle s'occupât de rien, elle avait un peu souffert, les premières semaines, de ce gros luxe où monsieur Rambaud venait d'épuiser son idéal d'art et de confort, à la vive admiration de l'abbé, qui s'était récusé ; mais elle finissait par être très heureuse dans ce milieu, en le sentant solide et simple comme son cœur. Les rideaux lourds, les meubles sombres et cossus, ajoutaient à sa tranquillité. La seule récréation qu'elle prît pendant ses longues heures de travail, était de donner un regard au vaste horizon, au grand Paris qui déroulaitdevant elle la mer houleuse de ses toitures. Son coin de solitude ouvrait sur cette immensité.

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