Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°2303)

Partie : Partie 5, chapitre III

La troisième semaine s'achevait. Le vieux docteur, un matin, s'installa. Hélène comprit, son enfant ne passerait pas la journée. Depuis la veille, elle était dans une stupeur qui lui ôtait la conscience même de ses actes. On ne luttait plus contre la mort, on comptait les heures. Comme la malade souffrait d'une soif ardente, le médecin avait simplement recommandé qu'on lui donnât une boisson opiacée, pour lui faciliter l'agonie ; et cet abandon de tout remède rendait Hélène imbécile. Tantque des potions traînaient sur la table de nuit, elle espérait encore un miracle de guérison. Maintenant, les fioles et les boîtes n'étaient plus là, sa dernière foi s'en allait. Elle n'avait plus qu'un instinct, être près de Jeanne, ne pas la quitter, la regarder. Le docteur, qui voulait l'enlever à cette contemplation affreuse, tâchait de l'éloigner, en la chargeant de petits soins. Mais elle revenait, attirée, avec le besoin physique de voir. Toute droite, les bras tombés, dans un désespoir qui lui gonflait le visage, elle attendait.

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