Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°2398)

Partie : Partie 5, chapitre V

Hélène sortait de sa rêverie, lorsqu'elle aperçut près d'elle une mendiante qui se traînait. C'était la mère Fétu, dont la neige assourdissait les gros souliers d'homme, crevés et raccommodés avec des ficelles. Jamais elle ne l'avait vue grelotter d'une misère si noire, couverte de guenilles plus sales, engraissée encore, l'air abêti. La vieille, par les vilains temps, les fortes gelées, les pluies battantes, suivait maintenant les convois, pour spéculer sur l'apitoiement des gens charitables ; et elle savait qu'au cimetière la peur de la mort fait donner des sous ; elle visitait les tombes, s'approchant des gens agenouillés aumoment où ils fondaient en larmes, parce que, alors, ils ne pouvaient refuser. Depuis un instant, entrée avec le dernier cortège, elle guettait Hélène de loin. Mais elle n'avait point reconnu la bonne dame, elle racontait avec de petits sanglots, la main tendue, qu'elle avait chez elle deux enfants qui mouraient de faim. Hélène l'écoutait, muette devant cette apparition.

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