Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°2399)

Partie : Partie 5, chapitre V

Les enfants étaient sans feu, l'aîné s'en allait de la poitrine. Tout d'un coup, la mère Fétu s'arrêta ; un travail se faisait dans les mille plis de son visage, ses yeux minces clignotaient. Comment ! c'était la bonne dame ! Le Ciel avait donc exaucé ses prières ! Et, sans arranger l'histoire des enfants, elle se mit à geindre, avec un flot de paroles intarissable. Des dents lui manquaient encore, on l'entendait à peine. Toutes les misères du bon Dieu lui étaient tombées sur la tête. Son monsieur avait donné congé, elle venait de rester trois mois dans son lit ; oui, ça la tenait toujours, maintenant ça lui grouillait partout, une voisine disait qu'une araignée devait pour sûr lui être entrée par la bouche, pendant qu'elle dormait. Si elle avait eu seulement un peu de feu, elle se serait chauffé le ventre ; il n'y avait plus que ça pour la soulager. Mais rien de rien, pas des bouts d'allumettes. Peut-être bien que Madame était allée en voyage ? C'étaient ses affaires. Enfin, elle la trouvait joliment portante, et fraîche, et belle. Dieu lui rendrait tout ça. Comme Hélène tirait sa bourse, la mère Fétu souffla, en s'appuyant à la grille du tombeau de Jeanne.

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