Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°479)

Partie : Partie 1, chapitre V

Hélène, allongée sur sa chaise longue, le genou encore emmailloté de bandes, lisait devant une des fenêtres. Elle ne souffrait plus ; mais, depuis huit jours elle était clouée là, ne pouvant même travailler à son ouvrage de couture habituel. Ne sachant que faire, elle avait ouvert un livre traînant sur le guéridon, elle qui ne lisait jamais. C'était le livre dont elle se servait chaque soir pour masquer la veilleuse, le seul qu'elle eût sorti en dix-huit mois de la petite bibliothèque, garnie par monsieur Rambaud d'ouvrages honnêtes. D'ordinaire, les romans lui semblaient faux et puérils. Celui-là, l'Ivanhoé de Walter Scott, l'avait d'abord fort ennuyée. Puis, une curiosité singulière lui était venue. Elle l'achevait, attendrie parfois, prise d'une lassitude, et elle le laissait tomber de ses mains pendant de longues minutes, les regards fixés sur le vaste horizon.

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