Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°584)

Partie : Partie 2, chapitre 1

La cuisine de Rosalie donnait sur le jardin du docteur Deberle, en plein soleil. L'été, par la fenêtre, très large, les branches des ormes entraient. C'était la pièce la plus gaie de l'appartement, toute blanche de lumière, si éclairée même que Rosalie avait dû poser un rideau de cotonnade bleue, qu'elle tirait l'après-midi. Elle ne se plaignait que de la petitesse de cette cuisine, qui s'allongeait en forme de boyau, le fourneau à droite, une table et un buffet à gauche. Mais elle avait si bien casé les ustensiles et les meubles qu'elle s'était ménagé, près de la fenêtre, un coin libre où elle travaillait le soir. Son orgueil était de tenir les casseroles, les bouilloires, les plats dans une merveilleuse propreté. Aussi, lorsque le soleil arrivait, un resplendissement rayonnait des murs ; les cuivres jetaient des étincelles d'or, les fers battus avaient des rondeurs éclatantes de lunes d'argent ; tandis que les faïences bleues et blanches du fourneau mettaient leur note pâle dans cet incendie.

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