Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°595)

Partie : Partie 2, chapitre 1

Mais il ne venait presque jamais les mains vides. Ordinairement, il avait employé sa matinée à courir avec des camarades les bois de Meudon, traînant les pieds dans des flâneries sans fin, oisif et buvant le grand air, avec le regret vague du pays. Pour occuper ses doigts, il coupait des baguettes, les taillait, les enjolivait en marchant de toutes sortes d'arabesques ; et son pas se ralentissait encore, il s'arrêtait près des fossés, le shako sur la nuque, les yeux ne quittant plus son couteau qui fouillait le bois. Puis, comme il ne pouvait se décider à jeter ses baguettes, il les apportait l'après-midi à Rosalie, qui les lui enlevait des mains, en criant un peu, parce que cela salissait la cuisine. La vérité était qu'elle les collectionnait ; elle en avait, sous son lit, un paquet de toutes les longueurs et de tous les dessins.

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