Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°872)

Partie : Partie 2, chapitre IV

Un murmure avait couru, des têtes se penchaient, au milieu de légers cris. Jeanne s'était arrêtée sur le seuil du premier salon, tandis que sa mère, encore dans le vestibule, se débarrassait de son manteau. L'enfant portait un costume de Japonaise, d'une singularité magnifique. La robe, brodée de fleurs et d'oiseaux bizarres, tombait jusqu'à ses petits pieds, qu'elle couvrait ; tandis que, au-dessous de la large ceinture, les pans écartés laissaient voir un jupon de soie verdâtre, moirée de jaune. Rien n'était d'un charme plus étrange que son visage fin, sous le haut chignon traversé de longues épingles, avec son menton et ses yeux de chèvre, minces et luisants, qui lui donnait l'air d'une véritable fille d'Yeddo marchant dans un parfum de benjoin et de thé. Et elle restait là, hésitante, ayant la langueur maladive d'une fleur lointaine qui rêve du pays natal.

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